De tous temps, les oeuvres classiques ont été pillés parodiées, voire utilisées dans des configurations inattendues et avec des bonheurs divers. Tel est le cas qui nous amene…
Paris a respiré ces jours ci un arôme tellement cubain. Carmen, l’immortelle gitane du roman de Prosper Mérimée, fait des bêtises sur les bords de la Seine transformée en métisse endiablée.
Ayant eu des échos de la préparation de cette nouvelle Carmen, le directeur du Théâtre du Chatelet s’est rendu à la Havane, dont il est revenu enthousiasmé par le projet et la vitalité de ses interprètes.
Le metteur en scène Christopher Reinshaw, fort dans son actif de mises en scène des opéras tels que « Norma » et « Aida » à Sydney, ainsi que de « Songe d’une nuit d’été » au Covent Garden, est le concepteur de cette nouvelle transposition de l’oeuvre de Bizet. Il s’avoue surtout passionné depuis toujours par la culture latino-américaine, et plus particulièrement cubaine. D’ou l’idée de créer une nouvelle adaptation de « Carmen », toujours fidèle à l’esprit originel du livret, mais dont l’action se situe cette fois à Cuba à la fin des années cinquante.
La mise en scène très complète sur un livret remarquable de Norge Espinosa Mendoza, qui s’avère d’un niveau artistique très haut et qui nous porte en balade dans une Cuba prérévolutionnaire pleine d’éclat et de sensualité.
Les arrangements d’Alex Lacamoire et d’Edgar Vero nous offrent un travail très élégant et ingénieux « cubanisant » la musique originale de Bizet, articulant le chant lyrique et la musique populaire pour un rendu sublime, frais et raffiné.
Un surprenant casting multinational (Cuba, Espagne, Porto-Rico, Portugal et USA) donnent vie, – grâce aux chorégraphies brûlantes et jamais aussi cubaines de Roclan Gonzalez et bien sûr le minutieux travail de mise en scène – à une résurrection caribéenne du mythe, la renaissance d’une nouvelle Carmen jamais aussi libre.
Ayant retenu quatorze danseurs, trois chanteurs et l’ensemble de l’orchestre composé de treize musiciens, le reste du casting provient de Broadway, essentiellement des Cubains émigrés aux Etats Unis. On peut dire que c’est une production de réconciliation : la Cuba du passé et celle du présent, les artistes cubains nés dans l’ile et ceux qui pour des raisons diverses qui sont nés ailleurs, ayant réalisé un parcours artistique remarquable mais qui pardessus tout demeurent cubains.
La soliste Luna Manzanares qui interprète cette singulière « Carmen », a réussi à se faire une place dans le monde de la comédie musicale cubaine, ayant toute fois fait ses preuves au sein de « Young Cuban All Stars » partageant scène avec des mythes comme Omara Portuondo, Roberto Carcasses (référence mondiale du Jazz cubain) et Buena Vista Social Club. Elle assume magistralement et très à l’aise un personnage difficile à porter sans tomber dans la facilité d’un éventuel cliché à la cubaine. Des performances vocales qui électrisent, envoutent.
Dans un deuxième rôle non moins époustouflant la production a misé sur Albita Rodriguez, artiste remarquable d’un style très énergique combinant la musique cubaine avec les sonorités contemporaines. Depuis 2005 elle triomphe à Broadway dans la comédie musicale The Mambo King.
Cuba est à la mode, jamais autant. Paris a vibré au rythme de « Carmen ». Paris, qui a été choisi comme un clin d’oeil pour rendre hommage à l’oeuvre originale de George Bizet, revisitée, et qui est à savourer avec délectation. Paris, qui adhère à ce nouveau projet sans conditions et qui donne le feu vert a la suite, car Carmen , cette « Carmen la Cubana » posera ces valises à Broadway d’ici peu pour ensorceler New York autant que 2h30 de plaisir. Paris a été séduit.
Casting
Luna Manzanares Carmen
Joel Prieto José
Albita Rodrigues La Señora
Raquel Camarinha Marilù
Joaquin Garcia Mejias El Nino
Conception, Mise en scène et livret Christopher Renshaw
Direction musicale et arrangements Alex Lacamoire
Chorégraphies
Roclan Gonzalez
Contact : Lisa RICHARD
attachée de presse, 01 40 28 29 31