Batista – Interview

Si Batista a fait ses premières armes dans le rock, il est incontestable qu’il s’est franchement repris en découvrant et mixant les finesses de plusieurs peuplades, Andalouse, Cubaine, Africano-sénagalaise, qu’il associera à notre culture musicale. Dépassant la classique Kora africaine, Batista redécouvrira les racines hispaniques et africaines en débarquant à Cuba où il tournera une vidéo. Professionnel dans l’âme, que l’on apprécie le latino ou non, seul ou en formation sophistiquée, Batista nous emmènera dans des paysages d’escales différentes.

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Bonjour Batista.Merci de nous accorder cette interview ! En quelques mots, qui êtes-vous et quel est votre style musical ? J’ai eu une première vie de musicien en tant que batteur compositeur dans un groupe « les Ablettes » en 1980-1990. Nous étions un trio de rock, et avons fait quelques singles largement diffusés (« Jackie s’en fout »), des tournées et des concerts. Après cela, mes racines espagnoles ont repris le dessus. J’ai alors commencé à écrire et à composer mes propres chansons en langue espagnole. J’ai gardé de mon expérience avec les Ablettes l’énergie du rock, que j’ai transposée dans mes productions world latino. Cette « culture de groupe », cette façon de travailler en équipe ne m’ont jamais quitté.

 

Quand est sorti votre album et comment le décririez-vous ? Mon album, intitulé « Batista el uno Pasaporte » est sorti en 2010. C’est un album que j’ai pris le temps de construire, qui a été enregistré sur une année. Oswaldo Nieto, artiste et guitariste l’a co-réalisé avec moi. J’y ai travaillé dans le détail pour avoir une cohérence du début à la fin : c’est un album acoustique à base de rythmes hispaniques (rumba, pop et salsa) joués essentiellement par des guitares nylons, du cajon et des percussions). Il est composé de 12 titres pour la plupart en espagnol. Il y a un titre en français qui parle de mes parents et de la ville où je suis né dans le sud ouest de la France (Fumel). Entre 2 titres j’ai glissé un souvenir d’enfance où l’on entend la voix de ma grand-mère fredonner un air qu’elle affectionnait particulièrement. Il y a une version en arabe de ma chanson « Alegria » adaptée en « Ya lebnia ». J’ai toujours été sensible au mélange des musiques arabo-andalouses, et Valencia (terre de ma mère en Espagne) comme l’ensemble de l’Andalousie y ont reçu en héritage les accents de la musique orientale. Cette culture afro-méditerranéenne fait partie de mon patrimoine génétique… Tout comme ce titre qui fait référence à Dakar et dans lequel j’ai écrit en français, espagnol et wolof « Dakarou Ndiaye ».

 

Vous collaborez avec Yoro Ndiaye, artiste sénégalais. Parlez-moi de cette collaboration ? C’était ma première visite en Afrique noire, j’ai eu envie de partir à la rencontre de cette partie du monde et y suis allé avec ma guitare comme passeport, car elle permet de communiquer plus facilement avec les gens. C’est dans cet esprit que je suis arrivé à Dakar. Après avoir participé à quelques soirées festives dans la capitale sénégalaise, on m’a tout simplement abordé dans la rue pour me proposer de rencontrer Yoro Ndiaye, artiste populaire de Dakar. Nous avons fait connaissance et nous nous sommes très vite bien entendus autant sur le plan humain que professionnel, avec nos styles différents. Nous avions la même énergie créatrice et la volonté de partage, la même envie d’ouvrir notre musique vers l’extérieur. Nous avons alors enregistré ce titre ensemble « Dakarou Ndiaye », dont la version acoustique figure dans l’album. Je suis revenu un an après à Dakar, pour remixer la chanson et tourner un clip, qui passe sur les chaines nationales sénégalaises et qui est visible sur Youtube.

 

A quel public vous adressez-vous ? Je m’adresse aux personnes sensibles à la musique latino, aux fans de salsa, qui écoutent les radios latines, aux amateurs de pop espagnole ou de flamenco, à l’Afrique, berceau de la rumba, qui aime danser sur les rythmes cubains, aux maghrébins, sensibles à cette vibration qui est cousine de leur musique et à tous les amoureux de ces métissages afro-méditerranéens.

 

Parlez- moi de votre groupe, de votre équipe. Actuellement, je travaille avec 4 à 5 musiciens : un bassiste vénézuélien (Miguel Romero), un pianiste et accordéoniste chilien (Rodrigo Gonzalez), 2 percussionnistes (Abdel Khababa et Shaf), et un guitariste (Fabien Mornet). Maria Del Carmen, danseuse de Séville, vient se joindre à nous sur certains concerts.

Vous êtes plutôt international alors ? Je vis à Paris, je suis très ouvert à l’international. En plus de la diffusion de ma musique au Sénégal, Le titre « Mi pais », à paraître sur mon prochain album tourne sur les radios nationales au Venezuela. J’ai également eu l’occasion de collaborer avec une artiste en Chine en 2010, chanteuse de variété chinoise qui vit à Pékin. Nous nous sommes rencontrés à Paris et elle a été intéressée par ma musique. J’ai alors été invité à chanter à Shanghai un duo avec elle. Je chantais les parties en espagnol. Les chinois sont très réceptifs à la musique latine et à la rumba, qui est perçue comme très exotique et qui sait les faire bouger et danser. Je collabore aussi avec un artiste congolais, Toussaint Midy, rencontré à Paris. Nous sommes devenus amis et il m’a invité à chanter sur son album. Nous avons écrit quelques titres et fait deux concerts ensemble. La rumba est née en Afrique, au Congo. Il y a différents types de rumbas : la congolaise, la cubaine, la catalane, la gitane etc… et y’a « Rumbatista » ! C’est aussi le fil conducteur du projet que j’ai créé avec Toussaint, un protégé du grand Ray Lema. Il m’arrive aussi de faire des collaborations en tant que compositeur et réalisateur. C’est le cas actuellement avec une artiste franco-ivoirienne qui prépare son album, aux influences afro-latines. La sensibilité aux musiques et aux rythmes latino est universelle, et quelques soient les continents et les cultures, elle se transmet à tous par son caractère festif et dansant. Cette façon de communiquer me convient bien…