Imaginez un monde où John Wayne, vêtu d’un soutien-gorge par-dessus sa veste, chevauche un chat ; un monde où les acrobates se servent du cou des flamants roses pour se suspendre dans les airs et où l’on se sert de Superman pour recharger sa voiture… Ce monde là vous l’avez peut-être visité si vous avez été à la Supérette à Paris où avait lieu l’exposition « Coupez décalez » de Guillaume Chiron entre le 23 novembre 2017 et le 03 mars 2018. Si non vous pouvez toujours vous rattraper en achetant sur internet les livres « Apprendre avec des pincettes » et « Mangez la banane debout » de ce même Guillaume Chiron sur son site internet http://guillaumechiron.tumblr.com/
Ce monde-là c’est en collages photos qu’il prend forme. Pour parfaire ses collages, Guillaume traque ses magazines jours après jour, nuit après nuit, les pourchasse de pays en pays, de ville en ville, de région en région, les séquestre dans une cave pendant de longs mois et le jour venu il choisit sa proie, l’observe sous toutes les coutures, lui perfore le ventre à l’aide d’une paire de ciseaux et colle sa chair tendre sur une autre victime de papier qu’il aura choisi au préalable, découpé et collé.
Le rendu final est un collage souvent rétro, souvent poétique, souvent drôle mais toujours un absurde mélange de cultures. C’est le cas de ce montage où l’on voit une femme coudre le col de montagne que sont en train de gravir ces futurs maillots jaunes ou encore de cet autre montage où Tarzan est suspendu à une branche qui n’est autre que le cigare d’Al Capone.
Parfois l’on peut déceler des prémisses de messages engagés dans ses absurdes montages. C’est le cas de ce montage où le célèbre penseur de Rodin est assis et en train de réfléchir sur la cheminée d’une centrale nucléaire. Peut-être réfléchit-il aux conséquences désastreuses de ces usines sur la nature ou peut-être se demande-t-il simplement où est-ce qu’il a bien pu mettre ses foutues clefs de bagnole. Et puisqu’on parle politique, si les parisiens blâment souvent Anne Hidalgo pour les nombreux embouteillages quotidiens qui ponctuent la ville, sachez que le véritable responsable c’est LUI : ce balayeur qui pousse toutes les voitures les unes vers les autres afin de créer un embouteillage. Et ce nageur qui saute d’un plongeoir avant d’atterrir dans le pantalon d’une actrice, n’était-ce pas un énième hommage au fameux hashtag #Balancetonport ?
Non, vraiment, si je n’avais qu’un seul conseil à vous donner c’est de courir acheter les deux livres de Guillaume Chiron qui vous donneront un avant-goût de ce que vous n’avez peut-être pas eu la chance de voir dans cette exposition parisienne intitulée « Coupez décalez ».
Coordonnées :
Guillaume Chiron
guillaumeconfort@gmail.com
Crédits photo © Guillaume CHIRON