Le secret des Harmonicas – 2ème partie

Nous rééditons les articles sur l’Harmonica afin de satisfaire les passionnés du style qui veulent développer la précision de la technique

 

Poursuivons l’étude de l’harmonica, en respectant la même tonalité de Do majeur (C) pour des raisons de simplicité

 

 

 

LES TONALITES JOUABLES SUR UN DIATONIQUE

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Le problème basique de l’harmonica diatonique, rappelons-le, est l’absence de certaines notes altérées. Il est limité à jouer la gamme des accords présents : la gamme majeure de l’accord de tonique soufflé ou celle de l’accord de quinte aspiré. C’est la caractéristique des instruments diatoniques par opposition aux instruments chromatiques.

Pour pallier à cela, il existe des techniques permettant d’obtenir les notes manquantes plus ou moins facilement :

altérations et overnotes

Un même harmonica diatonique permet de jouer dans des tonalités voisines de la tonalité de l’instrument. Ces tonalités sont appelées ainsi car, éloignées d’une quinte ou deux quintes par rapport à la tonalité de départ, elles n’ont qu’une ou deux notes de différence, diésées ou bémolisées. C’est le principe des positions. Quand les gammes ou tonalités recherchées sont trop différentes (trop grand nombre de notes de différence) le joueur doit changer de tonalité d’harmonica.

LES POSITIONS DE JEU OU JEU POSITIONNEL

Pour un harmoniciste, le terme de position définit le fait de jouer dans une tonalité donnée en partant de l’une des notes présente sur l’instrument. Les positions, du fait des intervalles existant entre les notes rejoignent partiellement les modes. Chaque position a donc une couleur, mineure ou majeure, en fonction de la note de départ.

Harmoniquement, les positions fonctionnent de quinte en quinte en partant de la tonalité inscrite sur l’instrument : pour un harmonica en Do : Do, Sol, Ré ; pour un harmonica en Ré : Ré, La, Mi, etc.

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On peut se référer au cycle des quintes pour connaître l’ensemble des 12 positions.

Dans la pratique, seules quelques positions sont fréquemment utilisées :

  • La 1re position, majeure, est dans la tonalité de l’harmonica d’où son nom : Do sur un harmonica en Do, gamme majeure ou mode ionien. Elle est utilisée notamment pour des morceaux traditionnels, folk ou country, et pour des mélodies simples.
  • La 2e position est de loin la plus pratiquée par les joueurs de blues car elle contient, grâce aux altérations, une gamme pentatonique blues qui a pour fondamentale la quinte (5e note de la gamme, soit le Sol sur un harmonica en Do). Elle permet de jouer également les accords I et IV dans une cadence blues (soit les accords Sol7 en aspirant et Do en soufflant sur un harmonica en Do).
  •  La 3e position, mineure, qui se joue en partant de la seconde par rapport à la tonalité de l’instrument (soit le Ré sur un harmonica en Do).
    Les autres positions que l’on utilise sont souvent des gammes mineures relatives issues des gammes majeures, qui ne sont que des variantes mineures des autres positions : La mineur (4e position découlant de la 1re en Do majeur), Mi mineur (5e découlant du Sol), etc.

La 12e position peut être aussi employée du fait de sa proximité avec la 1re (Fa car il n’a qu’une seule note de différence avec le Do majeur : la quarte du Fa est un Sib au lieu d’un Si naturel). C’est le principe des tonalités voisines qui permet des modulations d’une gamme à sa voisine.
Pour les joueurs de diatoniques orientés jazz, qui chromatisent entièrement l’instrument avec des overnotes, la notion de jeu positionnel est trop limitative. Dans un morceau, elle perd sa pertinence quand les changements de tonalités sont fréquents ou que la grille d’accords implique des improvisations harmoniques plus complexes. Les joueurs préfèrent alors penser davantage en termes de tonalités ou de modes que de positions.
En outre, jouer en positions entraîne des réflexes de jeu qui peuvent vite devenir restrictif pour aborder d’autres répertoires. Néanmoins, le jeu positionnel reste pertinent dans certains contextes, notamment le blues, qui reste le style de prédilection des joueurs d’harmonica diatonique.

 

JEU D’ACCORDS, D’INTERVALLES , RYTHMIQUE

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En Pucker comme en Tongue blocking (cf. 1ère partie), on a la possibilité, soit en élargissant ponctuellement son embouchure pour le premier, soit en faisant varier le nombre de trous bloqués par la langue pour le second, de faire sonner deux notes à la fois (tonique et tierce, tierce et quinte…). De la même manière, en élargissant la bouche ou en décollant la langue, on peut faire sonner des accords entiers, soit en les intercalant individuellement, soit en les enchaînant rythmiquement pour produire un accompagnement.

Les possibilités de jeu en accords restent toutefois limitées à quelquesaccords principaux (cf. accordages). Cependant, en élargissant la bouche pour englober plus ou moins de notes, on peut enrichir l’accord de quinte aspiré avec la septième et la neuvième, ou jouer les accords parfaits en renversement…

Le joueur peut donc alterner jeu en accords et jeu mélodique et combiner le jeu en soliste mélodique et celui en accompagnement, davantage rythmique. La langue en occultant et en relâchant alternativement les trous de l’accord peut accentuer et développer le caractère rythmique de l’accompagnement.

En dernier lieu, dans le jeu mélodique note à note, il est fréquent de « jouer sale » en élargissant la bouche de manière à faire sonner une note voisine, qu’elle soit dissonante ou consonante. Le bruit produit par cet appel ou arrivée d’air dans le trou voisin est semblable, dans une certaine mesure, à un léger effet de saturation qui brouille sensiblement le timbre de la note d’origine. Ce jeu large est notamment très usité dans le blues.

Les altérations ou overnotes

En reprenant le principe énoncé ci-dessus, on comprendra que sur les cases 1 à 6 d’un harmonica en Do les altérations suivantes sont possibles :

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  • Notons tout d’abord que l’on ne peut pas altérer tous les trous de la même manière, ce qui est logique puisque l’altération est fonction variable de l’écart entre la note aspirée et note soufflée. En particulier, le trou 3 permet une triple altération (3 demi-tons) alors que le trou 5 ne permet pas d’altération ;
  • Ensuite, dans l’octave grave, il ne manque finalement qu’une note pour obtenir une gamme chromatique complète (c’est à dire toutes les notes possibles de l’octave) : le Mi b. C’est une bonne nouvelle qui devrait encourager à maîtriser les altérations graves, souvent peu utilisées de manière inventive ;
  • Par contre, l’octave du milieu est dépourvue de Mib, de Fa# et de Sib. Ces notes pourront être obtenues par les overblows, mais pas en altérant ;
  • La note de quinte en 2 aspiré est identique au 3 soufflé. On peut jouer d’autres notes en ajustant l’embouchure et en forçant les anches à vibrer à une hauteur différente.

On peut y arriver en déplaçant la langue dans la bouche de manière à modifier la pression de l’air et par ce fait, la hauteur de la note. Cette technique est appelée bending ou altération.

Grâce aux altérations, on peut atteindre des notes absentes dans la gamme majeure. En altérant, on peut aussi obtenir une gamme pentatonique mineure blues en partant du Sol et en rajoutant soit un Sib (tierce mineure du Sol), un Réb (la quinte diminuée) en plus du Fa.

L’altération crée aussi un effet de glissando caractéristique chez de nombreux harmonicistes blues et country. Contrairement au bend de la guitare, le bend à l’harmonica se fait vers le bas, en partant de la note la plus aiguë d’un trou vers le ou les demi-tons screen-111.

 

Dans les trous 1 à 6, les notes aspirées peuvent être altérées, et dans les trous Il
Grâce aux altérations, on peut atteindre des notes absentes dans la gamme majeure.

En altérant, on peut aussi obtenir une gamme pentatonique mineure blues en partant du Sol et en rajoutant soit un Sib (tierce mineure du Sol), un Réb (la quinte diminuée) en plus du Fa. L’altération crée aussi un effet de glissando caractéristique chez de nombreux harmonicistes blues et country.
Contrairement au bend de la guitare, le bend à l’harmonica se fait vers le bas, en partant de la note la plus aiguë d’un trou vers le ou les demi-tons inférieurs.

Dans les trous 1 à 6, les notes aspirées peuvent être altérées, et dans les trous 7 à 10, les notes soufflées peuvent être altérées.

Le trou 3 permet le plus grand écart : l’altération peut s’étendre sur un ton et demi et, toujours sur un harmonica en Do, il sera possible de descendre la note aspirée d’un Si jusqu’à un Lab. Il découle de la technique des altérations que chaque note, soufflée, aspirée ou altérée, peut être légèrement infléchie dans sa hauteur pour donner du relief au phrasé. L’inflexion des notes soufflées de trous 1 à 6, se fait en reculant un peu la langue, de manière à rendre la note un peu plus basse.

Contrairement à ce qui est perçu par le joueur ou l’auditeur, lors d’une altération, c’est l’anche opposée qui se met à réagir (la plus grave des deux), pour se rapprocher de la note aigüe. Ainsi dans une altération aspirée exercée sur le trou 1, si la note de départ est le Ré aspiré, c’est le Do de l’anche soufflée qui se met à réagir à la pression de l’air et qui devient plus aigu à mesure que la pression s’accroît. La note monte donc jusqu’au Réb. Le phénomène s’explique par le fait que les lamelles se relaient mutuellement : dès que l’on relâche son effort, la lamelle soufflée altérée est relayée par l’anche aspirée qui se met à nouveau à vibrer normalement.

Si l’on applique la logique des altérations dans le sens inverse, on souffle en pressant de manière à déclencher cette fois la lamelle aspirée, on va produire une note « par dessus » ou « vers le haut ». On réalise alors un overbending qui permet de faire monter la lamelle aiguë un demi-ton au-dessus : le Ré aspiré en 1 monte jusqu’au Mib.

Paradoxalement, produire une altération (ou overnote) n’exige pas du joueur un énorme effort musculaire (langue, gorge, lèvres) ni une attaque plus forte. Au lieu de cela, le joueur doit décontracter son visage, sa gorge, et produire un son homogène dans ses altérations, pour que celles-ci ne soient pas plus fortes que les notes naturelles qu’il souffle ou qu’il aspire. La justesse de hauteur et de timbre des notes altérées est certainement l’une des grandes difficultés techniques de l’harmonica diatonique d’autant plus que le geste à produire (un mouvement intérieur) est difficile à montrer à un tiers.

 

Comment fait-on une altération ?

Un bon moyen de commencer à travailler les altérations est de se concentrer sur le trou 4 d’un harmonica en Do et de s’efforcer de tirer le Ré (aspiré) vers un Do#.

Voici quelques conseils pour vous atteler à cette tâche :

  • Savoir aspirer ou souffler dans un seul trou à la fois. Tant que vous n’y parvenez pas, ça ne marchera pas.
  • Une fois que vous parvenez à aspirer dans le trou 4 (et uniquement dans celui-là) une longue note continue, vous êtes prêt à commencer.
  • Commencer par aspirer longuement, puis faites reculer votre langue dans votre bouche de manière à ce que l’arrière de la langue touche pratiquement le haut du palais. Vous devriez entendre un léger infléchissement vers le bas de la note. Une manière de comprendre la position de la langue est d’alterner la prononciation des lettres « I » et « O ».
  • Lorsque vous prononcez un « I » votre langue est vers l’avant, presque entre les dents. Lorsque vous prononcez un « O », elle est reculée et l’arrière de la langue touche presque le haut du palais. Il peut-être utile d’entendre un Do juste avant l’altération pour avoir une bonne idée de l’objectif à atteindre. Pour cela aidez vous d’un piano ou d’un logiciel.

Une fois que vous sentez la note s’infléchir, travaillez sur cette position et assez rapidement vous parviendrez à tirer la note vers le bas.

Vous pouvez alors faire d’autres exercices :

  • Premièrement, assurez vous que la note que vous obtenez est juste, c’est à dire que c’est bien un Do#. Pour cela, comparez-là au même Do# sur un piano ou aidez vous d’un accordeur chromatique.
  • Deuxièmement, entraînez-vous à enchaîner la note altérée et la note non altérée, c’est à dire Ré-Do# – Ré-Do#, etc.
  • Ensuite, maintenez la note altérée le plus longtemps possible, sans l’infléchir et sans retourner sur la note non altérée.
  • Enfin, vous devez apprendre à jouer la note altérée sans passer par la note non altérée. C’est le plus difficile et ça peut prendre du temps.

Puis commencez à travailler les altérations sur d’autres trous :

  • Le 6 ne devrait pas poser de problèmes ;
  • Le 3 et le 2 seront plus difficiles. Le problème du 3 aspiré, c’est qu’il est difficile de générer une pression suffisante pour obtenir la triple altération de maintenir les notes altérées très longtemps et justes, aussi de passer d’une des notes altérées du 3 à une autre. Travaillez tout cela et progressivement.
  • Le 2 aspiré est un peu différent : en fait, cette lamelle est très sensible à l’altération, et pour un joueur débutant qui découvre l’altération, inconsciemment on cherche à altérer un peu toutes les notes aspirées. Or comme le trou 2 est sensible, lorsque vous le jouez naturellement, vous l’altérez un peu et il sonnera faux ou pas du tout. Facile à résoudre : il suffit d’apprendre à aspirer normalement, sans pression, comme si et vous respiriez. Détendezvous, et la note sonnera de nouveau claire et juste.

LES DEVELOPPEMENTS CONTEM PORAINS DE L’HARMONICA DIATONIQUE

Le Jeu chromatique

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Malgré la difficulté relative des techniques mentionnées, certains musiciens professionnels sont capables d’obtenir sur l’instrument toutes les notes diatoniques et chromatiques.
L’arrivée de l’overblow a chamboulé le monde de l’harmonica. Cette technique a engendré une nouvelle vague d’harmonicistes ayant beaucoup plus recours à l’harmonie, contrairement à l’école blues traditionnelle, bien plus empirique et intuitive. On peut également mentionner la technique alternative des altérations valvées (voir plus bas le valvage) qui permet d’obtenir également une chromaticité complète sur un harmonica diatonique.
Cependant, beaucoup d’harmonicistes de haut niveau, maîtrisant bien les overnotes, continuent à jouer sur une grande variété d’harmonicas de tonalités différentes. On peut l’expliquer par une recherche de facilité, mais ce sont le plus souvent des recherches de sons, de timbres, de tessitures ou de phrasés qui guident ce choix. Certaines tonalités d’harmonica sont plus graves ou plus aiguës et n’ont par conséquent pas les mêmes tessitures. Certains phrasés dans une tonalité donnée sonneront mieux dans telle ou telle tonalité l’harmonica car ils impliqueront moins de changement de flux d’air, soufflé ou aspiré, pour produire les notes, et sonneront par conséquent plus homogènes.
La nécessité de jouer de façon chromatique s’est imposée à certains joueurs qui souhaitaient sortir le diatonique de son carcan stylistique et des clichés attachés à l’instrument qui étaient cantonnés à des styles impliquant peu d’accords et des gammes pentatoniques, majeures ou mineures. La possibilité de produire toutes les notes ouvre la palette stylistique du diatonique. Désormais, il est possible de jouer du jazz ou des musiques populaires plus contemporaines, où les changements d’accords, les modulations, les bascules de tonalités, peuvent être fréquents dans un même morceau.

La technique de l’overblow

Grâce aux altérations, on est parvenu à jouer partiellement chromatique sur un harmonica mais l’absence de certaines notes cantonnent les harmonicistes à jouer dans les parties de l’instrument où les chromatismes sont présents. Un harmoniciste blues, jouant en Sol sur un harmonica en Do, pourra jouer la tierce mineure Sib dans le grave et l’aigu mais pas dans le médium, ce qui limite ses possibilités de jeu dans cette portion, à moins de sauter la note manquante.

De la même façon, le Mib manque dans les deux premières octaves, le Réb n’est présent que dans les deux premières et ainsi de suite.
Cela constitue donc une limitation qui empêche de tirer pleinement partie des 3 octaves de l’harmonica diatonique (de fait dans le blues, c’est principalement la première octave et partiellement le médium qui sont joués avec des sauts de notes de plus en plus prononcés au-delà).

Cela n’a pas empêché des générations de stylistes virtuoses de créer un grand nombre de classiques dans des registres blues ou country. Néanmoins, cela reste une gêne pour les musiciens désireux d’aborder des répertoires qui nécessitent un usage plus homogène des notes manquantes sur toute la tessiture de l’harmonica.

C’est dans ce contexte que Howard Levy, dans les années 1970, développa une nouvelle technique: la technique de l’overbending qui – combinée avec les altérations – permet de jouer la gamme chromatique entière sur chaque octave. Il semblerait pourtant que cette technique ait été découverte sur un enregistrement de Mean Low Blues par Blues Birdhead datant des années 1927 ou 1929, puis sur d’autres enregistrements par la suite.

PRINCIPE

L’overbending, est un bending qui monte au lieu de descendre à la différence des bendings ou altérations classiques. Dans les 6 premiers trous, l’overbending se fait en soufflant, c’est un overblow.

Dans les 4 derniers, il se fait en aspirant :

c’est un overdraw. On utilise le terme overblowing de manière générique pour désigner cette technique que l’on souffle ou que l’on aspire.

On appelle overnotes les notes obtenues par la technique de l’overbending. La technique d’obtention est quasi-similaire à celle de l’altération simple. Il faut garder la même position de langue et inverser le flux d’air.

Concrètement, l’overblowing bloque la lamelle qui devrait théoriquement vibrer (soufflée pour un overblow, aspirée pour un overdraw) et déclenche la lamelle opposée qu’elle fait monter d’un ou de plusieurs demi-tons. Un overblow sur le trou 1 (harmonica en Do) bloque le Do soufflé et fait monter le Ré aspiré d’un demi-ton jusqu’au Mib (ou Ré#).

Au contraire un overdraw dans l’aigu agit sur la lamelle soufflée qu’il fait monter d’un demi-ton : le Do soufflé devient Réb grâce à l’overdraw.

L’overblowing est souvent considéré comme une technique difficile à maîtriser dans la pratique diatonique.

En réalité, une bonne technique d’altération standard permet de déclencher les overnotes et l’overblowing n’est jamais qu’une extension de celle-ci, un peu plus capricieux peut-être que les altérations.

Bien que l’on puisse tout à fait produire certaines overnotes sans y recourir, un réglage dit de confort s’avère souvent indispensable pour l’overbending. Par ailleurs, celui-ci peut contribuer à améliorer significativement le rendu des autre notes et à optimiser la réponse des anches d’un trou à l’autre de l’harmonica. De manière générale, le réglage d’un harmonica diatonique acheté en magasin est une étape conseillée même pour un joueur qui ne souhaite pas pratiquer les overblows car il résout nombre de problèmes, que le joueur impute à sa technique alors qu’ils proviennent de certaines anches (désaxées, écartées…).

La difficulté à produire des overnotes provient des réglages d’usine souvent aléatoires et principalement d’un écartement trop prononcé des anches censé convenir à un jeu de débutant.
Ce pré-réglage générique accentue les pertes d’air au risque de modifier le timbre des notes et de rendre difficile la production de certaines altérations. Par extension, il rend la production des overnotes quasi-impossible dans certains cas.
Pour y remédier, le joueur devra donc ouvrir les capots de son harmonica et régler l’écartement de ses anches au plus près des plaques en veillant à ne pas bloquer la production des notes soufflées et aspirées standard. Dans le registre plus aigu de l’instrument, les overnotes ont souvent tendance à crisser et un apport ponctuel de matière à la base de l’anche opposée (soufflée pour les overblows ou aspirée pour les overdraws), des gouttes de vernis ou de la cire, peut s’avérer nécessaire pour stabiliser la lamelle et éliminer son bruit.

Pour faciliter l’overblowing, de nombreux joueurs utilisent également des harmonicas au réglage affiné, qu’il s’agisse d’harmonicas de luthiers spécialement réglés ou de modèles fabriqués en série avec un préréglage censé améliorer la production des overnotes.

POLEMIQUE ET APPORTS

Certains joueurs traditionalistes réfutent l’utilité des overblows (ou celle des altérations valvées) en arguant la préexistence de l’harmonica chromatique pour cet usage (le modèle à valves et à tirette). Néanmoins la chromatisation du diatonique n’est pas qu’une reproduction de l’harmonica chromatique car elle conserve une possibilité de bendings multiples que l’harmonica chromatique ne permet pas et sa sonorité est sensiblement différente (en raison des valves et du mode d’accordage). En outre, l’overblowing ouvre de vastes possibilités musicales en termes de jeu et de phrasé.

Les overnotes permettent d’atteindre les notes manquantes mais aussi des notes en doublon qui ouvrent de nouveaux chemins de phrasé. le joueur n’a pas à inverser le flux d’air ( aspiré ou aspiré soufflé) pour produire deux notes adjacentes, il peut jouer à la place un overblow (un peu à la manière de la note doublon naturelle de la première octave du 2 aspiré et 3 soufflé, utilisé dans tel ou tel enchaînement pour lier le phrasé).

Un joueur très expérimenté peut produire plusieurs overnotes sur le même trou.
Sur le trou 4, il pourra monter jusqu’au Mib mais également jusqu’au Mi naturel et dans une certaine mesure au-delà (Fa, Fa#…). Outre les possibilités accrues d’enchaînements déjà citées, le joueur peut multiplier les glissandos en bends multiples ascendants. Enfin, sur le dernier trou (le 10), l’utilisation des overnotes augmente la tessiture de l’instrument d’un ton (le Do soufflé de la dernière octave (harmonica en Do) pourra monter jusqu’au Ré supérieur).

UNE NOUVELLE ECOLE D’HARMONICISTES

Le U-block

 

Indiquée à titre informatif, nous l’évoquions dans l’article précédent.
Il s’agit là d’une technique assez marginale ou rare, complexe et sujette à caution, sa pertinence étant parfois contestée.
Au XXIe siècle, de plus en plus d’harmonicistes autrefois cantonnés à un panel restreint de genres musicaux, tentent de s’orienter vers cette technique. Certains, de par une virtuosité et musicalité rares sur leur instrument devenu complètement chromatique, réussissent à exploiter le langage bebop ; citons pour exemple les français Sébastien Charlier et David Herzhaft, le Brésilien Otavio Castro etc.

Les overblowers font partie de cette nouvelle école d’harmonicistes désireux d’aller plus loin et d’exprimer des mélodies sophistiquées sur l’harmonica, le débarrassant ainsi de certains stéréotypes country, blues et folkloriques ou des limitations de certains plans musicaux répétés à l’envie faute de nouvelles possibilités musicales. En particulier, les overbends permettent à certains harmonicistes de jouer plusieurs tonalités de morceaux sur un même harmonica, comme c’est le cas pour la plupart des autres instruments.

Le U-block dérive du Tongue Blocking et tire son nom de la forme creusée que prend la langue (en « U ») pour jouer de cette manière. Comme pour le Tongue Blocking, la bouche doit couvrir plusieurs alvéoles. Cependant, au lieu de boucher les trous indésirables, la langue dirigera au contraire le souffle vers le trou désiré en s’enroulant de manière à former un tunnel directeur. En somme, la langue vient remplacer le rôle que la lèvre inférieure joue dans l’embouchure .

 

LES ACCORDAGES CUSTOM

En dehors de l’accordage standard, il existe d’autres accordages plus spécifiques : mineur, mineur harmonique, paddy richter, country … qui peuvent présenter un intérêt pour quelques morceaux ou genres bien particuliers.

Pour les chromatiques le raisonnement est identique. Certains modèles proposent des versions 14 et 16 trous qui ajoutent des notes dans le grave jusqu’à une octave supplémentaire. En dehors du Seydel Chromatic standard et des Chrometta Hohner qui est sont des modèles pour débuter, tous les autres modèles proposés sont de qualité professionnelle.

L’accordage country

Cet accordage remplace les notes aspirées des 5e et 9e trous par une quarte augmentée à la place de la quarte de l’accordage Richter. Sur un harmonica en Do, le Fa devient Fa#. On perd donc l’accordage mineur de la seconde, mais on y gagne l’accordage majeur. Ainsi le Ré mineur, par exemple, sur un harmonica en Do Richter devient un Ré majeur sur l’harmonica en Do country.
Il ne devient plus nécessaire de jouer un overblow sur le 5e trou pour obtenir Fa# et Fa devient désormais accessible par altération du trou; par contre il faut désormais faire un overdraw sur le 8e trou pour obtenir le Fa aigu alors qu’il n’est plus nécessaire d’altérer le 9e trou pour obtenir un Fa#.
Il y a toujours des avantages et des inconvénients. La plupart des harmonicistes jouant davantage dans les graves et médiums, les altérations étant maîtrisées, le gain sur le 5e trou vaut bien la perte sur le 9e trou moins souvent joué.
Certains harmonicistes jouent quasiment essentiellement avec cet accordage.
Sébastien Charlier, harmoniciste de jazz, joue sur un accordage lydien (ou tritonal) : seul le 5 est surélevé d’1/2 ton, le 9 est inchangé.

Les accordages exotiques

D’autres accordages customisés sont possibles mais ils sont en général accordés par les harmonicistes eux-mêmes.

Le but peut être multiple :

  • Obtenir aisément certaines notes très difficiles à obtenir quand les possibilités d’accords de l’accordage Richter nous intéressent moins que la facilité mélodique ;
  • Obtenir des accords spécifiques sur le même harmonica ;
  • Obtenir facilement certaines notes plutôt que d’autres pour jouer dans certaines gammes particulières. Cela est particulièrement utilisé pour certains styles musicaux qui demandent rapidité de jeu. Le joueur préfère glisser simplement sur l’harmonica sans se poser trop de questions sur les altérations quand on veut jouer très vite. Il utilise alors un accordage adapté à la gamme utilisée.

Le diatonique semi-valvé

Une alternative aux overblows
Une seconde méthode pour obtenir toutes les notes avec les altérations réside à équiper l’harmonica de petites valves en plastique, permettant la production d’altérations valvées.

Cela ne perturbe pas les bends classiques. Les valves ne sont placées que sur une anche par trou. On en colle 6 sur la plaque inférieure (notes aspirées 1 à 6,) et 4 sur la plaque supérieure (notes soufflées 7 à 10), pour obtenir un harmonica diatonique qui est semi-valvé.

La technique de l’altération valvée est sensiblement différente des autres, cette fois, c’est la note la plus grave qui est infléchie de manière à la faire descendre d’un demi-ton. Le Mib manquant d’un harmonica en Do s’obtiendra en abaissant le Mi soufflé du trou 2 ou 5 et non, comme dans les overblows, en faisant monter le Ré des trous 1 et 2. Il en résulte un schéma de jeu sensiblement différent et peut-être plus linéaire dans sa représentation que celui des overblows.

Néanmoins, le son de l’altération valvée diffère sensiblement de celui des altérations non valvées, et comme pour les overblows, il faut réaliser un travail pour homogénéiser le son et les intégrer au jeu des autres notes. En dernier lieu, les valves peuvent se bloquer et s’user comme dans les harmonicas chromatiques (eux aussi pourvus de valves). Elles impliquent donc certaines contraintes d’entretien absentes sur un diatonique ordinaire :

réparation, remplacements… Les modèles MS le permettent. L’harmonica diatonique semi-valvé est par conséquent un instrument entièrement chromatique : on peut alors étendre le répertoire de l’harmonica (jazz, classique, etc.)

Les partisans des bends valvés par rapport à l’overblowing justifient leur préférence pour cette technique par :

  • Une meilleure qualité du son des altérations valvées par rapport aux overblowings, argument subjectif puisqu’il ne dépend, en fait, que de la maîtrise technique des overblows ;
  • Une logique d’altération maintenue avec les bends classiques, plus objectif puisque un harmonica de ce type permet des altérations, soufflées et aspirées, sur toutes les notes et sur la totalité des 3 octaves, assez similaires à la technique des altérations ordinaires.

Néanmoins, comme pour l’overblow, l’altération valvée oblige à replacer les nouvelles notes dans les habitudes de jeu déjà acquises, et donc de remettre sensiblement à plat la répartition des notes sur l’instrument en apprenant de nouveaux déplacements. Elle n’est donc pas forcément plus naturelle et dépend donc de préférences individuelles ou justes techniques.

Bien que peu répandus chez les professionnels, on trouve quelques utilisateurs des diatoniques semivalvés : P.T Gazell et Brendan Power sont les plus connus.

 

DERNIERS CONSEILS

  • Commencer le bending dès le début de l’apprentissage, sur la note aspirée du trou n° 4, la plus facile ;
  • Les méthodes : Jean Jacques Milteau ;
  • Ne comptez pas les trous pour vous repérer, apprenez à reconnaître la note que vous voulez jouer ;
  • Ecartez légèrement les bras pour donner de l’espace à vos poumons ;
  • Essayez de ne pas avaler l’air mais plutôt de le conserver dans la cavité buccale ;
  • Apprenez à compenser l’excès ou le manque d’air en respirant par le nez tout en jouant ;
  • Ecoutez et copiez les Maîtres (comme pour tout instrument !) ;
  • Jouez en pensant émotion et non pas performance ;
  • Jouez en pensant à ceux qui vous écoutent et non en pensant à vous ;
  • Ne tombez pas dans le travers qui consiste à vouloir que votre diatonique soit un chromatique sinon jouez chromatique. Les  altérations ne doivent servir qu’à enjoliver votre musique et non pas à faire passer toutes les mélodies à tout prix.

MODELES ALTERNATIFS

 

Le chromatique

Pour pallier au manque de notes du diatonique, Hohner eut l’idée vers la fin du XIXème siècle d’inventer un harmonica à tirette de même principe mais un peu plus complexe : le chromatique est axé autour d’un accordage semblable à celui de l’octave intermédiaire du diatonique c’est à dire :

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qui se répète deux, trois ou quatre fois (chromatique à 8, 12 ou 16 trous)
Lorsqu’on appuie sur la tirette, tout en accédant au même accordage, nous évoluerons un demi-ton au dessus soit :screen-18

L’instrument est parfaitement chromatique et dispose même de notes qui se dédoublent (dites enharmoniques).

Hohner, qui se rend compte qu’en raison du mécanisme plus complexe l’air soufflé et aspiré se perd énormément, rend l’instrument plus étanche en y ajoutant, au dessus de la lamelle opposée à celle qui vibre, une valve en cuir (aujourd’hui en plastique fin) pour empêcher l’air de s’enfuir et le canaliser vers la lamelle qui vibre.

Ce système rendra l’altération impossible sur les chromatiques. Polyvalent, le chromatique sera aussi prisé pour la musique classique.

Le Tremolo

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Les harmonicas diatoniques double Trémolo sont des modèles dont les trous sont dédoublés (8,10,12,16), verticalement.et horizontalement (donc théoriquement 40 trous sur un tremolo normal).

Le dédoublement vertical permet l’effet tremolo : les deux cases de la même colonne sont accordées sur la même note mais à quelques centièmes de ton d’écart. Lorsque l’on joue donc des deux en même temps cela crée cet effet tremolo qui sonne un peu comme un accordéon.

Le dédoublement horizontal est dû au fait qu’il y a déjà deux lamelles dans chaque trou vertical. Les lamelles soufflées et aspirées sont donc dans deux colonnes séparées.

Difficilement altérables puisqu’il faudrait souffler dans une seule case sur les quatre et principalement utilisés pour des effets spéciaux.

Ils ne sont pas faits pour jouer du blues, des notes bendées, ou faire autre chose que de jouer les mélodies les plus simples.

Ils sont proposés en version droite ou cintrée.

Très utilisés dans les musiques folkloriques (cajun, musette, musique africaine).

Des joueurs asiatiques très impressionnants poussent loin les limites perçues de l’instrument.

Echo Harp

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Echo-Harp, version double du modèle Echo. Composé de deux harmonicas trémolos, il est privilégié par les musiciens traditionnels. Echo Elite. Highlander, variation celtique du modèle Echo-Harp, popularisé par le musicien écossais Donald Black pour son accordage spécial (La myxolydien / Ré majeur) qui permet de jouer dans le registre des cornemuses écossaises. Corps érable, laqué vert.

Dit « à l’octave »

Deux lamelles par note dont l’une est accordée une octave au dessus de l’autre.

Modèle Sextet

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Le Tremolo Sextet regroupe six harmonicas trémolo (Do, Ré, Fa, Sol, La et Si) autour d’un axe rotatif.

Modèle chord

ne délivrant que des accords pour l’accompagnement.

Modèle bass

obligatoirement chromatique.

 

ET L’AMPLIFICATION DANS TOUT CELA !

L’amplification des harmonicas remonte à celui de la guitare. Un micro harmonica se doit d’être dynamique (sauf cas particuliers) de directivité cardioïde ou omnidirectionnelle (mais cette dernière donnera plus de feed-back et risque de repiquer la scène), une réponse de 40 à 16000 Hz, une sensibilité -58 dBV/ Pa (1,33 mV), impédance de 150 à 310 Ohms, La taille et le poids sont également importants car ils doivent permettre de former avec l’instrument une coupole, ou un bol. L’idéal : 63mm x 80mm pour un poids de 600 G.

 

  • screen-7Nous pourrions évoquer ici le grand nombre de modèle qui ont servi aux harmonicistes qui bien souvent exploitaient un micro réservé au chant.SHURE restera le plus populaire (du 556S au 777 jusqu’au PE585 et le 545) ;
  • screen-8D’autres marques ont défilé : TURNER (du U9S au S33D) ; ARGONNE (AR- 54) ; le célèbre ASTATIC (du F2 au 335H-7 en passant par le JT-30) ; ELECTRO-VOICE (du V-1 au 911) ; RESLO ; PHILIPS ; TANDBERG (TM2H) ; WESTERN ELECTRIC (633) ; le fameux OCTAVIA MA-55.
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  •  Shure SH55 Series II Bundle Micro dynamique Conçu pour harmonica, Boule verte, Contrôle du volume, 6 mètres de câble asymétrique inclus, Connectique jack TS
  • Audix Fireball Micro dynamique
    Directivité: cardioïde, Réponse en fréquence: 50 Hz thomann – 16 kHz, Sensibilité: 1,9mV/Pa, Impédance: 250 Ohm, SPL max: 140 dB, Conçu pour les voix hip hop et la harpescreen-10
  • AMT- HR3. ( Applied Microphone Technology), présente une troisième génération de micro pour harmonica. Entièrement conçu à la main, s’adaptant aux différentes tailles d’instruments qu’il soit diatonique ou chromatique. PHOTO

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Curieux de nature et pseudo-bluesman, je cherche un micro qui procure ce son si particulier des clubs enfumés de Chicago.
Je trouve enfin un fabricant américain qui me propose un micro cristal inséré dans une bouteille en plastique : Le Bottle O’Blues.
La démonstration commerciale avec un Marine-band est convaincante.
Avant tout achat, j’ai donc essayé de jouer, sans amplification, dans un long verre à limonade. Le son m’a convaincu et je me suis décidé à acheter le Bottle O’ Blues livré si on le désire avec un mini amplificateur (Smokey) que l’on accroche à la ceinture. Deux options sont alors possibles : jouer en direct par le biais du câble + ampli ou jouer par l’intermédiaire du Smokey éventuellement repiqué sur sono.

Un petit coup d’oeil :

http://www.bottle-o-blues.com/

LES VARIANTES DU MARINE BAND

Marine Band 1896/20 est le modèle le plus courant, avec son sommier en poirier d’une dizaine de cm, riveté. Il a peu varié depuis son introduction en 1896. Plaques en laiton de 0,9 millimètre, clouées 20 anches – 10 trous , capots bombés en acier inoxydable avec ouvertures latérales, cloués. Toute une série de modèles ont fait leur apparition depuis : variation du matériau du sommier, accordages divers et autres.
Rappelons que le sommier bois est le plus chaud. Les modèles MS sont des modèles démontables, réparables et modifiables.
Les Marine band J.J. Milteau ont un sommier plastique/métal avec des plaques de laiton plus épaisses. C’est donc un modèle de prédilection pour la scène.

Nous vous invitons à parcourir le site

http://fr.playhohner.com/

12 réflexions sur “Le secret des Harmonicas – 2ème partie”

  1. Cabresin paul

    Bosoir, Très détaille et sérieux dans tous les domaines. Si. Cela était possible j’aimerais comprendre les hauteurs de notes par rapport au jeu en position. Merci d’avance

  2. Altenloh Eric

    Existe t-il des harmonicas diatoniques SANS NOTES MANQUANTES

    Je n’aime par faire des altérations, bending etc;;; et lorsque je joue en C certaines chansons, les notes 1 et 2 manquent

    ce que l’on n’a pas avec une harmonica Chromatique en C

    mais je trouve le son du chromatique moins beau que celui du diatonique Merci de me répondre

  3. Didier Beudaert

    Bonjour Paul,
    Désolé de répondre un peu tardivement mais je pense que vous êtes tolérant.
    Merci pour l’intérêt porté à notre magazine et à cet article.
    Je n’ai pas bien compris le sens de la question. Aussi, je vous donne quelques exemples de tessitures d’harmonicas et la place des notes sur la portée, pour un Marine Band Hohner 10 trous (le plus classique).
    Bon jeu. Didier

    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2017/01/Blow.pdf
    (sur 2 pages)

  4. Didier Beudert

    Bonjour Eric,
    Désolé pour le retard de réponse.
    Tout-à-fait d’accord, le chromatique n’a pas « l’attaque » du diatonique. Ceci dit, Steevie Wonder jouait sur chromatique (sur tout d’ailleurs !). On n’imagine mal jouer, par exemple, de la musique cajun sur un accordéon chromatique et un tango habanera autrement que sur un bandonéon.
    Pour ma part, musiques de films, concerti et autres du genre doivent avoir recours au chromatique (souvenons-nous du trio Albert Raisner). Toute la musique populaire devrait avoir recours au diatonique dans ses 12 tessitures (d’où l’usage de holsters car certains titres exigent que l’harmoniciste fasse usage d’autres tonalités ce qui lui permet, en changeant d’harmonica, de jouer à la même position sans avoir recours à l’altération par des effets de bouche, de gorge et autres.
    Comme je l’ai écrit, Richter a fait évoluer l’accordage de l’harmonica. Cet accordage est aujourd’hui le plus prisé, international, pratique car l’accord majeur est immédiat en aspirant comme en soufflant.
    Si l’on prend un Marine-band 10 trous, nous trouverons une tessiture allant de C4 à C7 avec un suivi de notes tel C4EG-C5EG-C6EG-C7. Evidemment, il manque le Fa que l’on ne retrouve qu’en F5 et F6.
    Nous sommes donc contraints d’avoir recours aux bends, over-blows et autres pour les altérations. Ces effets sont quand même remarquables en blues, comme pour la guitare où il manque la blue note dans une gamme pentatonique.
    Alors des « grands », comme Jean-Jacques Milteau, ont repris des « combines » chez les anciens luthiers et harmonicistes pour étendre la tessiture de leur instrument en les « valvant » afin de limiter certaines vibrations. On peut trouver ce type d’harmonica chez Hohner (JJ. Milteau en F, Marine-band 580/20 et 501/20 (voir le lien ci-dessous du catalogue Hohner, page 6 ), ou chez Suzuki ou comme le ProMaster MR 350 valved.
    http://www.hohner.fr/fileadmin/hohner_group/company_hohner_france/00_website/Catalogue_French/Catalogue_Harmonicas_2012_Web.pdf
    L’harmonica diatonique valvé est un compromis entre l’harmonica diatonique et le chromatique. Une valve est une petite languette de plastique fixée sur la plaque de l’autre coté de la lamelle, pour empêcher une lamelle soufflée de vibrer quand on aspire, et une lamelle aspirée de vibrer quand on souffle. Il existe des modèles déjà valvés (les 6 premiers trous en soufflant, et aspirées dans les 4 derniers (ce qui est normalement impossible à cause de l’interaction entre lamelles soufflées et aspirées), ce qui donne accès à la gamme chromatique sans avoir recours aux overblows et overdraws très difficiles à maîtriser. (copie d’article !)
    Un bon « valvé » en C majeur te donnera les accords Richter C4 à C7, mais te permettra d’avoir comme notes supplémentaires : C#4, D#4, F#4, D#5, F#5, G#5, C#6, D#6, F#6, A#6, A#7 et C#7.
    Alors tout cela reste malgré tout limité en tonalités et en notes et nous n’arriverons jamais à la portée d’un chromatique ; le valvé JJ. Milteau n’existe qu’en une seule tonalité (F), si je me souviens bien.
    Il reste la solution du sur-mesure par un luthier, ce qui reviendra à un prix exorbitant et l’aboutissement incomplet d’un chromatique, ou une transformation par cet artisan qui limera certaine lamelles pour le customiser et en obtenir d’autres, limitant à nouveau l’instrument, même pour une étendue supérieure (à 12 trous par exemple).
    Un conseil, joue au maximum avec les effets de bouche, de gorge, mais aussi avec d’autres sons émanant de tes cordes vocales. Ayant aussi joué de la traversière, je copiais, à l’époque, le jeu de Ian Anderson leader de Jethro Tull puis j’ai appliqué ces onomatopées à l’harmonica diatonique. Cela donne de la pêche et du style, a fortiori avec une amplification type bottle O’blues.
    Il est aussi possible d’ajouter des valves soi-même sur son harmonica, à gros risques et périls, à l’aide d’un bon accordeur électronique. Ceci dit, un bon diatonique 10 trous ne coute que 35 à 60€.
    Ce n’est réalisable qu’avec un harmonica assemblé par des vis.
    Je joins ci-dessous un lien qui parle du valvage.
    http://passionmusique.net/instruments/harmonica/diato-valve
    Bon courage et bon jeu.
    Didier P.B.

  5. Jonard Jean-Paul

    Bonjour Paul, je vais tenter de t’expliquer à partir d’un diatonique en do 1ere pos DO trous 1,4, 7 soufflé à partit de ces 3 trois tu monte une gamme complète tu verras que sur l’octave basse ,il manque des notes que tu devras créer en altérant certains trous .
    2eme pos Sol ou G tu débutes la gamme de sol en aspirant le 2 , ou tu souffles 6 , 9
    3eme pos Ré ou D la gamme débute en 1, 4 , 8 aspirés
    4eme pos La ou A la gamme débute en 3″ (bend de 2 demis-tons pour avoir un la ) 6 et 10 aspiré
    5eme pos Mi ou E  »  » en 2, 5 ,8 soufflés
    6eme pos Si ou B  »  » en 3, 7 aspirés
    7eme pos F# fa # ouGb débute 2′ (bend 1/2 ton pour le fa , 5 et 9 aspirés
    8eme pos Db Ré bémol débute 1′, 4′ aspirés (bend 1/2 ton pour le Db et 7° ( 7 overdraw pour Db en octave haute)
    9eme pos La bémol Ab débute 3″‘ aspiré (bend 3/2 tons pour Ab) 6′ aspiré (bend1/2 ton )
    10e pos Mi bémol Eb débute 1°, 4° 8′ ( overblows 1/2 tons pour créer le mi bémol
    11e pos Si bémol Bb débute 3′ (aspiré bend 1/2 ton ) 6° (6 overblow 1/2 ton )10″ ( overblow 2 1/2 tons)
    12e pos Fa F débute en 2’ aspiré(bend 1/2 ton ) 5, et 9 aspirés

    voilà, c’est tout , tu as donc 12 gammes dans 12 tonalités où sur un diatonique, il te manque des notes que tu dois créer par des effets de langues : bend, overblow et overdraw, ne prend pas peur , tout le monde n’utilise pas ces 12 positions,.
    Par contre si tu veux progresser, apprend les , et tu verras la technicité que tu posséderas ; j’ai mis 30 ans pour toutes les apprendre. certains morceaux ne collent pas avec certaines positions, il y à trop de bend , overblow et draw à réaliser, ça sonne mal. Si tu veux les apprendre, par d’un morceau facile, d’une contine par exemple, que tu vas transcrire sur ces 12 positions( il existe un excellent petit bouquin qui t’aideras énormément si tu es intéressé par ce travail (fastidieux, mais super-gratifiant) il s’agit de Blues and Rock Harp positions made easy de David Harp; Tu peux le trouver chez Amazon . Je reste à ta disposition si tu es intéressé par cet important travail sur le diatonique.
    Cordialement, Jean-Paul Jonard

  6. Jonard Jean-Paul

    j’essaie vainement de retirer mon adresse de messagerie depuis 15 minutes ; Chaque fois que je retourne sur le site, je la retrouve, merci de faire le nécessaire.

    Cordialement, J-Paul

  7. une belle synthèse de ce qui est possible avec le diatonique. bien écrit ça change de ce que l’on trouve sur le net. il a fallu que j’aille jusqu’à la troisième page de recherche pour vous trouver. j’ai pas du mettre les bons mots clés. bonne continuation.

  8. Monsieur, J’ai besoin d’un conseil. Je joue de l’harmonica depuis mon enfance. Je m’ exécute sur une Suzuki de type trémolo: des ballades, musique de danse ( ex: tango). Or, de belles pièces me forcent à utiliser les notes aigües dont les sonorités sont agaçantes. Je joue à l’oreille. J’aimerais me procurer un ou des harmonicas aux sonorités plus graves, plus rondes. Comme mes connaissances musicales sont minimales, les lectures et les recherches auxquelles je me suis livré, ne m’éclairent pas suffisamment. Alors, je sollicite votre avis.

    Salutations distinguées.

  9. Didier Patrick Beudaert

    Cher ami,
    Merci d’avoir lu nos articles.
    Je ne sais pas tout : Suzuki tremolo. Combien de trous ? quelle tonalité ?
    C’est un diatonique de bonne qualité.
    Vous recherchez un son rond, chaleureux, etc.
    Les grands harmonicistes choisissent et ne tapent pas forcément dans le haut de gamme oudans des prix faramineux.
    Petit rappel si besoin : A B C D E F G notation anglo-saxonne respectivement : La Si Do Ré Mi Fa Sol
    A) Le diatonique
    ne comporte pas d’altérations (bémols, dièses).
    Il faut donc lui choisir une tonalité (Do, ré, mi, fa, sol, la, si) en rapport avec l’orchestration, le chanteur ou l’orchestre. Parfois une tonalité peut être compatible avec une orchestration. Jouer par exemple une orchestration en Do avec un harmonica en Sol.
    Ceci explique pourquoi les harmonicistes ont plusieurs harmonicas identiques mais de tonalités différentes. Ceci leur permet même de changer de tonalité en cours de jeu.
    Ceci explique aussi de pouvoir moduler un air où existent des altérations sans être contrait de « tricher » pour obtenir un dièse ou un bémol.
    Concernant les sons, chauds, doux, etc. cela dépend du jeu mais aussi du choix de l’instrument.
    La tonalité de l’instrument influe.
    Par exemple un diatonique en La (A3) ou encore mieux en Sol (G3) est plus bas (grave) qu’un Do.
    La tessiture ou l’étendue sera donc plus basse et les aigus moins crispants.
    Parmi les diatoniques, nous trouvons :
    Des harmonicas simples
    Des harmonicas tremolo ou harpe ou écho
    Des harmonicas « octave ».
    L’harmonica diatonique valvé
    (est un compromis entre l’harmonica diatonique et le chromatique. Une valve est une petite languette de plastique fixée sur la plaque de l’autre coté de la lamelle, pour empêcher une lamelle soufflée de vibrer quand on aspire, et une lamelle aspirée de vibrer quand on souffle. Il existe des modèles déjà valvés (les 6 premiers trous en soufflant, et aspirées dans les 4 derniers (ce qui est normalement impossible à cause de l’interaction entre lamelles soufflées et aspirées), ce qui donne accès à la gamme chromatique sans avoir recours aux overblows et overdraws très difficiles à maîtriser. (copie d’article !)
    Un bon « valvé » en C majeur te donnera les accords Richter C4 à C7, mais te permettra d’avoir comme notes supplémentaires : C#4, D#4, F#4, D#5, F#5, G#5, C#6, D#6, F#6, A#6, A#7 et C#7.
    Alors tout cela reste malgré tout limité en tonalités et en notes et nous n’arriverons jamais à la portée d’un chromatique ; le valvé JJ. Milteau n’existe qu’en une seule tonalité (F), si je me souviens bien)
    Pour du folk, variété, etc, on peut choisir un tremolo ou un octave.
    Pour du blues, du rock, du solo, harmonica simple type Marineband.
    Dans les bisonores, la différence entre un « tremolo » et un « octave » :
    Tremolo = 2 lamelles par note : une ajustée, l’autre décalée souvent d’1/2 ton (dièse) pour que, lorsque l’on joue on ait cette impression de tremolo (en fait une courbe en dent de scie comme une vibration).
    Bien mais cela empêche tous les effets de bouche, de gorge, de voix, etc. Impossible !
    Octave = également 2 lamelles par note mais cette fois, le 2ème lamelle d’effet est à l’octave. Exemple un Do3 avec un Do4 (soit 1 octave)
    Personnellement je préfère car plus juste. Ceci dit les effets sont impossibles.
    L’harmonica simple permet tous les effets de bouche, etc.
    Il faut donc choisir un instrument pas trop cher, si possible avec peigne en bois ou métal, dans les tonalités de Sol et La, système Richter (celui qui a inventé la position des notes), avec beaucoup de trous : 12 mini, 16 au mieux, 24 pas mal (permet de descendre das les basses), en sachant qu’un 10 trous diatonique équivaut à un chromatique de 12. Le jeu bien entendu ; essayez de jouer plus dans le médium. Un bon micro adapté qui restitue la chaleur.
    En groupe, souvent harmonicas simples type Marineband.
    Le Suzuki tremolo 24 n’est pas mal mais voir si dessus les impossibilités d’effets.
    Le Comet 40 (Honner) est très bien car octave. Il a aussi des impossibilités d’effets.
    Le blues Harp en Sol est bien. De chez Hohner.
    L’Echo Harp de chez Hohner (perso : j’ai horreur !)
    Je recommande d’aller sur le site de THOMANN (Allemagne) – « vents », « harmonicas », ultra compétent et d’écouter les différents harmonicas. De spécialistes sont joignables en direct et en français.
    L’harmonica simple :
    permet tout !
    Tous les effets !
    Respecter les même tonalités. Un Sol (G) passe bien.
    Le classique de tous : le Marine Band de chez Honher.
    B) LE CHROMATIQUE
    Respecter (sans obligation) les tonalités
    La tirette (que l’on pousse !!!) permet toutes les notes (dièses et bémol).
    Bon instrument solo, jazz et classique.
    C) LE MICRO
    Parfois un micro est indispensable dans un orchestre pour être perçu.
    Il en existe aujourd’hui plein (Shure, etc.) qui coûte cher.
    Les micros sont des capteurs adaptés, sans plus.
    J’ai trouvé de la chaleur, grâce à un tube ou bouteille annexée, à très bas prix, aux USA
    Le « Bottle blues ».
    Faites un essai chez vous :
    prenez un grand verre à tenir entre les mains ; voire une boîte en différents matériaux.
    placer dessus l’harmonica et jouez. Vous verrez la différence de son et de chaleur.
    Le Bottleblues reproduit cette chaleur des caveaux blues Chicago.
    Ecoutez sur :
    http://www.bottle-o-blues.com
    TESSITURES

    C4 On voit bien que l’harmonica qui descend le plus bas est en tonalité de E.

    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2020/06/Capture-d’écran-2020-06-08-à-19.58.01.png
    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2020/06/Capture-d’écran-2020-06-08-à-19.58.10.png
    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2020/06/Capture-d’écran-2020-06-08-à-19.58.45.png
    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2020/06/Capture-d’écran-2020-06-08-à-19.58.52.png
    http://welikemusic.net/wp-content/uploads/2020/06/Capture-d’écran-2020-06-08-à-19.59.09.png

  10. Bonjour Jean-Paul,

    Merci de l’intérêt que vous portez à notre magazine et à nos articles.
    D’abord il n’y a jamais d’âge limite pour se remettre à un art. Vive le confinement !

    Un 14 trous est un bon compromis mais difficile pour une bonne caisse de résonance avec les mains.

    Ensuite, l’harmonica trou à trou (note à note !).
    Cela nécessite un entraînement certain et journalier, quoique simple.
    Il faut apprendre morphologiquement à former avec les lèvres un « O » (en « cul-de-poule).
    Puis souffler ou aspirer dans l’harmonica la note souhaitée.
    Un bon exercice est celui de la paille qui apprend à modeler ses lèvres.
    Pour cet exercice, voir ce Youtube que je trouve intéressant :

    https://www.youtube.com/watch?v=4A3frzuTkp4

    L’autre technique est aussi celle du « tongue blocking ».
    Il s’agit d’obstruer avec la langue les autres notes (tierce, quinte, etc.)

    Concernant les trous ronds et carrés, grand mystère !
    Hohner prétend que les trous ronds sont plus précis.
    Laissons peut-être cela à Milteau ou à Raisner.
    J’oserais dire que « trou par trou », il y aurait physiquement moins de fuites avec les trous ronds.
    En effet, en appliquant une bouche en « O » d’un diamètre plus large que le trou, étanche, il y aurait moins de fuites d’air que l’on pourrait trouver avec les angles d’un trou carré.
    Achetez des trous ronds !

    Quand aux altérations avec un diatonique (Marine band) revoir l’article où j’explique certains trucs. Jouer avec la hauteur de la glotte (grand intérêt dans le jeu… Faites de la guimbarde ou du mirliton/Kazoo !) pour varier la cavité buccale, sur le débit d’air, son volume, jouer avec les lèvres plus ou moins pincées pour « forcer » la note base, etc.
    Encore une fois beaucoup d’entraînement.
    A bientôt,

    Didier-Patrick BEUDAERT

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